Contexte et objectifs

 

Un climat qui change…

A quel climat s'attendre pour la fin du XXIe siècle ?

La science nous apporte des éléments de réponse, conditionnés à des hypothèses sur l'évolution des activités humaines et de leurs impacts, et soumis à l'imperfection de nos connaissances.

Ces éléments de réponse conduisent à envisager une évolution du climat, de significative à considérable, selon les hypothèses.

Les travaux de la communauté scientifique, sous l'égide du GIEC (Groupement International d'Experts sur le Climat) ont établi une famille de scénarios d'évolution de l'effet de serre et une collection de simulations climatiques permettant de décrire la gamme des évolutions climatiques potentielles à envisager à la moitié ou à la fin du XXIe siècle.

En savoir plus sur le GIEC et les scénarios climatiques

 

…Et conditionne les décisions à prendre pour le long terme dans la gestion des forêts

Pour la forêt et ceux qui contribuent à sa gestion pour le bénéfice des populations humaines, (quelles que soient les finalités : conservation de la nature, production de bois, protection des populations, accueil du public…), cet horizon de travail est tout à fait concret.

En effet, le cycle de vie de la plupart des arbres forestiers, y compris dans les conditions de la forêt gérée, est souvent de l'ordre de grandeur du siècle.

En France, la gamme des cycles sylvicoles s'étend en effet de 35 ans pour la pineraie d'Aquitaine, à 200 ans pour les chênaies de prestige.

2050 ou 2070 sont donc des horizons temporels vers lesquels il est nécessaire de se projeter lorsque l'on se penche sur la question du choix des espèces d'arbres à favoriser, renouveler ou planter dans un massif forestier- ce que l'on appelle en langage technique forestier le choix des essences.

 

ClimEssences : choisir les essences en fonction du climat

Ce choix des essences doit être raisonné en fonction des peuplements forestiers en place et des conditions écologiques - liées au sol et au climat - qui conditionnent les facteurs de croissance et de vitalité des peuplements : disponibilité en éléments minéraux, alimentation en eau, régime des températures.

Il s'appuie sur un corpus de connaissances sur les besoins écologiques des espèces d'arbres, que l'on appelle l'autécologie.

Jusqu'à un passé récent, ce choix s'appuyait en premier lieu sur l'expérience acquise localement : les performances des essences en place, le plus souvent issues d'essences locales, naturellement régénérées (près de 90 % de la forêt française est issue de régénération naturelle, et la moitié de la forêt française est mélangée), et parfois issues de plantations d'essences provenant d'autres lieux, qu'ils soient proches ou éloignés.

L'évolution du climat impose de substituer à l'expérience du passé, une description méthodique des liens entre les essences et le climat (d'où le nom de ClimEssences).

 

ClimEssences : un outil basé sur deux approches complémentaires et articulées

Pour décrire les besoins écologiques des essences, en particulier par rapport aux conditions de climat, et le lien entre la répartition des essences et le climat actuel ou futur, deux approches ont été mobilisées.

• La première, issue du projet Caravane, consiste à compiler et synthétiser les connaissances acquises au fil du temps, et provenant de l'expertise cumulée, d'observations ou d'expérimentations scientifiques, dont la méthodologie et les résultats sont exposés dans des articles. L'originalité de la démarche, classique dans son principe, a été de pousser plus loin la définition de critères génériques de description, ouvrant la voie à la mise en place d'une base de données, et de qualifier la qualité et la robustesse des informations ainsi codées.

Présentation du modèle des fiches-espèces Caravane

• La seconde, issue des projets IKSMAPS 1 et 2, est une approche de modélisation. Le modèle IKS, conçu par Hervé le Bouler, permet de représenter l'aire de compatibilité climatique des espèces en fonction du climat.

Présentation du modèle de compatibilité climatique IKS

 

Un outil pour qui  ?

 ClimEssences a été conçu et développé pour aider tous les professionnels concernés par le choix des essences en contexte de climat changeant :

• les organismes de gestion forestière, ou de conseil technique à la gestion forestière, en forêt publique ou privée,
• les instituts qui mettent en place des essais d'espèces,
• les entreprises qui approvisionnent les précédents en graines et plants.

Développé dans une logique ouverte, ClimEssences est aussi en partie accessible à tout public intéressé.

Pourquoi en partie ? Les limitations d'accès sont fondées sur les prérequis techniques nécessaires pour comprendre et interpréter les résultats, en mesurant leurs limites.

 

Un outil à quelle fin ?

ClimEssences a donc pour finalité de décrire les exigences climatiques d'une liste d'essences forestières, et d'explorer quelles essences pourraient correspondre aux climats attendus dans une région forestière, en fonction d'une famille de scénarios climatiques.

Il peut ainsi permettre d'apprécier le risque potentiel pour une essence, faisant aujourd'hui partie du paysage, de se trouver en difficulté par l'évolution du climat (apprécier sa vulnérabilité), ou bien de rechercher quelles essences pourraient potentiellement être adaptées aux différents scénarios climatiques possibles.

ClimEssences, et le RMT Aforce, ne préconisent en aucun cas de transformer du tout au tout la composition des forêts et encore moins de la remplacer par des monocultures d'essences introduites.

Il s'agit au contraire de déterminer et de tester les espèces qui pourraient venir enrichir les choix possibles dans les situations où une ou plusieurs essences en place verraient leur survie et/ou leur renouvellement compromis par l'évolution du climat.

D'autres approches ont par ailleurs été développées pour simuler les impacts du changement climatique sur les arbres forestiers.

Un aperçu en est donné dans la rubrique Les autres outils disponibles, avec des liens qui vous permettront d'en savoir plus.

La position du RMT Aforce est de promouvoir la diversité des approches, qui permet d'éclairer la questions sous différents angles, à choisir en fonction de la question posée, et à comparer lorsque c'est possible pour mieux apprécier la robustesse des résultats.

D'autres outils sont disponibles