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Les trajectoires RCP
Qu’est-ce qu’une trajectoire RCP ?
Pour permettre la modélisation du climat futur il faut connaître la concentration atmosphérique des gaz à effet de serre. Cette concentration est fortement conditionnée par les activités humaines. Selon le modèle de développement de la société à l’échelle mondiale et ses impacts sur les grands équilibres de la planète, de nombreuses trajectoires d’évolution des concentrations de gaz à effet de serre sont possibles.
Pour gérer et étudier cette incertitude, le GIEC communique, dans chacun de ses rapports, des projections climatiques fondées sur plusieurs hypothèses tranchées d’évolution des concentrations de gaz à effets de serre (GES). Jusqu’au 4ème rapport d’évaluation du GIEC (AR4), les projections climatiques étaient fondées sur les scénarios SRES (Special Reports on Emission Scenarios), proposant plusieurs évolutions socio-économiques (A1, A2, B1, B2, A1B). Dans ces trajectoires, différentes hypothèses socio-économiques étaient traduites en scénarios de concentrations de gaz à effet de serre.
Avec son 5ème rapport publié en 2014, le GIEC a changé d’approche, en séparant les travaux sur les hypothèses socio-économiques, de ceux sur l’évolution des concentrations de gaz à effet de serre. Ainsi les trajectoires RCP (pour Representative Concentration Pathway ou profils représentatifs d’évolution de concentration) représentent différentes évolutions possibles de la concentration en gaz à effet de serre (table 1 et figure 1). Chaque trajectoire peut ensuite être reliée à des hypothèses socio-économiques. L’idée de ce changement d’approche, est de ne pas changer les trajectoires à chaque rapport, du fait de l’évolution des hypothèses socio-économiques, permettant d’avoir ainsi une certaine stabilité dans le temps des trajectoires RCP .
Les différentes trajectoires RCP
Les trajectoires RCP sont exprimées en forçage radiatif (en Watts par mètre carré), c’est à dire la différence entre l’énergie radiative reçue et l’énergie radiative émise par le système climatique. Elles sont au nombre de quatre, et nommées en fonction de l’augmentation du forçage radiatif en 2100 par rapport à l’année 2000 :
- + 2,6 W.m² pour RCP 2.6,
- + 4,5 W.m² pour RCP 4.5,
- + 6,0 W.m² pour RCP 6.0,
- + 8,5 W.m² pour RCP 8.5.
La table 1 donne quelques éléments clés des différentes trajectoires RCP.
Trajectoire | Profil d’évolution |
Concentration en gaz à effet de serre |
Augmentation de la température moyenne mondiale en 2100 |
---|---|---|---|
RCP 2.6 | Pic puis déclin | 475 ppm | ≈ + 1°C |
RCP 4.5 | Stabilisation avant 2100 | 630 ppm | ≈ + 2°C |
RCP 6.0 | Stabilisation après 2100 | 800 pmm | ≈ + 2,5°C |
RCP 8.5 | Croissant (sans politique climatique) | 1 313 ppm | ≈ + 4°C |
Les scénarios d’évolution socio-économiques
En parallèle des RCP, sont élaborés des SSP (Shared Socioeconomic Pathways ou scénarios d’évolution socio-économique) décrivant des évolutions possibles de la société et décrivant leurs impacts sur les émissions de gaz à effet de serre. Ces travaux permettent de définir une échelle de défis plus ou moins élevés, pour l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques.
L’atténuation (ou mitigation) désigne les actions visant à en atténuer l’ampleur des changements climatiques en réduisant les émissions de gaz à effet de serre ou en séquestrant le dioxyde de carbone de l’atmosphère.
L’adaptation désigne les actions visant à réduire la vulnérabilité des systèmes naturels et humains contre les effets des changements climatiques.
La figure 2 présente le positionnement des 5 SSP sur les axes défis d’atténuation et défis d’adaptation.
A chaque SSP correspond une description :
- Le SSP1 (faible défi d’adaptation, faible défi d’atténuation) décrit un monde marqué par une forte coopération internationale, donnant la priorité au développement durable.
- Le SSP2 (défi d’adaptation moyen, défi d’atténuation moyen) décrit un monde caractérisé par la poursuite des tendances actuelles.
- Le SSP3 (défi d’adaptation élevé, défi d’atténuation élevé) dépeint un monde fragmenté affecté par la compétition entre pays, une croissance économique lente, des politiques orientées vers la sécurité et la production industrielle et peu soucieuses de l’environnement.
- Le SSP4 (défi d’adaptation élevé, faible défi d’atténuation) est celui d’un monde marqué par de grandes inégalités entre pays et en leur sein. Une minorité y serait responsable de l’essentiel des émissions de GES, ce qui rend les politiques d’atténuation plus faciles à mettre en place, tandis que la plus grande partie de la population resterait pauvre et vulnérable face au changement climatique.
- Le SSP5 (faible défi d’adaptation, défi d’atténuation élevé) décrit un monde qui se concentre sur un développement traditionnel et rapide des pays en voie de développement, fondé sur une forte consommation d’énergie et des technologies émettrices de carbone; la hausse du niveau de vie permettrait d’augmenter la capacité d’adaptation, notamment grâce au recul de l’extrême pauvreté.
La figure 3 présente une « matrice des scénarios ». Des codes couleurs permettent de visualiser l’effort d’atténuation nécessaire avec chaque SSP pour atteindre chacune des trajectoires RCP.