- Présentation
- 1. Facteurs limitants climatiques
- 2. Facteurs limitants édaphiques
- 3. Connaissance de la diversité génétique
- 4. Croissance et production de bois
- 5. Autres services écosystémiques
- 6. Mise en œuvre sylvicole
- 7. Vulnérabilité aux risques biotiques
- 8. Vulnérabilité aux risques abiotiques
- Recommandation
- Bibliographie
Sorbus domestica L. - Sorbier domestique
Fiche mise à jour le 07-06-2021
- Feuillus
Présentation
Latin
Nom | Sorbus domestica L. |
autre nom vernaculaire | Cormier |
Taxonomie Plant List | Sorbus domestica L. |
Vernaculaire
Nom | Sorbier domestique |
Taxonomie de GRIN | Sorbus domestica L. |
Classification Hillier | Sorbus domestica L. |
Aspect général
Arbre de 5 à 30 m atteignant 90 cm de diamètre, à feuilles caduques, à croissance lente et forte longévité (200 à 600ans), qui rejette de souche. Avec un tronc droit (forte dominance apicale, peu de phototropisme), il se couvre d’un houppier glanduleux. Espèce post-pionnière nomade asociale. Son écorce noirâtre apparaît sous forme de petites écailles épaisses plus ou moins carrées et ses bourgeons sont gros, glabres et visqueux. Les feuilles alternes qui peuvent atteindre 25 cm de long souvent un peu pendantes, sont composées pennées avec 11-21 folioles oblongues de 3 à 6 cm, en général seulement dentées sur les deux tiers supérieurs, velues au début puis glabres. Les fleurs bisexuées, de 1,3 à 1,8 cm, blanches et régulières se groupent en petits bouquets de 10 à 14 cm de diamètre et s’épanouissent d’avril à juin. Les fruits appelés cormes, de 2,5 à 3cm, prennent la forme de petites poires jaunâtres ou marron.
Localisation
Aire naturelle du cormier difficile à apprécier car il a été largement répandu depuis l'antiquité comme espèce fruitière. Elle s’étend en plaine, de l’Espagne à l’Ukraine et de l’Allemagne à la Grèce. Il est également présent de façon plus dispersée en Turquie et au Maghreb. En France, on le trouve de façon très disséminée, à peu près partout, du littoral jusqu’à 1400 m d’altitude mais il est rare en Bretagne, en Haute Normandie, dans le Nord-Pas de Calais, dans le Massif central et en Corse. Depuis le milieu des années 1980, l’intérêt qu’on lui porte a permis un développement des plantations de Cormier. A noter quelques individus isolés en Pays de Galles et Angleterre.
Aire naturelle de distribution
Climat général dans l'aire naturelle de distribution
Espèce sub-méditerranéenne héliophile, plus ou moins thermophile. Le cormier a besoin d’au moins 500 mm d’eau, bien répartis sur toute l’année. Il n’est pas ou peu présent au-dessus de 1 400 m d'altitude.
1 Facteurs limitants climatiques
1.1 Résistance juvénile aux fortes sécheresses
Il résiste bien aux sécheresses estivales mais réduit sa croissance au stade juvénile.
1.2 Résistance adultes aux fortes sécheresses
Il supporte les sécheresses estivales si les réserves en eau du sol sont suffisantes mais peut se maintenir sur sols à faible réserve utile, et globalement, on le rencontre dans des secteurs où le bilan hydrique est plus ou moins déficitaire. En Espagne en conditions sèches, il préfère les sols riches à PH basique.
1.3 Adaptation aux climats déficitiaires en eau
Il a besoin d’au moins 600 mm d’eau répartis sur toute l’année pour avoir une croissance continue, mais survit dans des zones à de 500mm de pluie par an en particulier sur sols argileux ou limoneux.
1.4 Résistance aux fortes chaleurs (canicules)
Espèce sub-méditerranéenne exigeante en chaleur pendant la période végétative ce qui en fait un de nos rares arbres feuillus à ne pas perdre en productivité dans de telles conditions climatiques.
1.5 Résistance aux grands froids
Résiste bien aux grands froids jusqu’à -25°C.
1.6 Résistance aux gels précoces
Ne semble pas redouter les gels d’automne.
1.7 Résistance aux gels tardifs
Ne craint guère les gelées tardives.
2 Facteurs limitants édaphiques
2.1 Tolérance à l'engorgement
Moyennement sensible à l’engorgement temporaire, ne supporte pas les sols engorgés durablement très près de la surface.
2.2 Tolérance au calcaire
Extrêmement plastique vis-à-vis des sols. Il se développe sur sols bien drainés à secs et avec un pH allant de l’assez acide au carbonaté mais aussi pauvres et superficiels. Ainsi il peut pousser sur des argiles de décarbonatation en région méditerranéenne et sur matériaux davantage variés ailleurs en France. Il supporte la présence de calcaire actif dans le sol.
2.3 Tolérance à l'acidité
Extrêmement plastique vis-à-vis des sols. Il se développe sur sols bien drainés à secs et avec un pH allant de l’assez acide au carbonaté,mais aussi pauvres et superficiels. Il est préférable d’éviter les stations trop pauvres pour la production. Présent sur des humus allant du moder au mull carbonaté.
2.4 Tolérance aux sols lourds
Bonne tolérance aux sols lourds , supporte les sols argileux avec marnes ou limoneux lessivés, ne semble pas adapté à l'inverse aux textures très filtrantes, sableuses.
Ecogramme
3 Connaissance de la diversité génétique
3.1 Rusticité et plasticité potentielles (déduites de l'aire de distribution)
Espèce plastique de part la diversité des sols auxquels elle peut s'adapter, mais reste inféodée aux climats de plaines et relativement doux limitant son utilisation dans des conditions trop fraîches. Espèce considérée comme rare et de diversité génétique menacée en Europe. Des études effectuées sur des populations suisses et allemandes ont montré que le niveau de diversité de petits groupes d’arbres (parfois moins de 20) était relativement élevé et que le niveau de différenciation des groupes est moins important que pour des populations fragmentées et isolées.
3.2 Variété du matériel végétal disponible en France
Présent dans un grand nombre d'arboretum. Du fait du manque d’information sur la diversité génétique de l’espèce en France, une seule région de provenance a été créée couvrant la totalité du territoire métropolitain (SDO900-France), semences de catégorie identifiée. Dans 4 régions (Languedoc Roussillon, PACA, Poitou-Charentes et Bourgogne), une sélection phénotypique des plus beaux arbres a donné lieu à des plantations conservatoires de clones. Une de ces plantations, installée à Bellegarde (30) a été convertie en verger à graines et est recommandée pour les plantations : SDO-VG-001, Bellegarde VG, semences étiquette rose (matériel qualifié). Espèce qui ne s'hybride pas.
Références en France
4 Croissance et production de bois
4.1 Durée de révolution potentielle
En général plantation en mélange ou pur sur de petites surfaces. Entre 60 et 80 ans lorsque les arbres dépassent 45cm de diamètre.
4.2 Hauteur dominante potentielle à 40 ans
Sait tirer partie des très bons sols et peut donner d'aussi gros et grands arbres que l'alisier torminal. Espèce souvent en mélange, potentialités souvent masquées par la concurrence.
4.3 Productivité potentielle
Sait tirer partie des très bons sols et peut donner d'aussi gros et grands arbres que l'alisier torminal. Espèce souvent en mélange, potentialités souvent masquées par la concurrence.
4.4 Diversité des débouchés potentiels du bois
Bois précieux, de qualité, homogène, dense, dur, très lourd (densité de 0,8 à 0,95 ; un des plus lourds avec le buis et le chêne vert) et à grain très fin, facile à travailler, en faisant le plus apprécié du genre Sorbus et un des meilleurs bois d'ébénisterie. Utilisé en lutherie (mécanismes de pianos, instruments à vent), pour la fabrication de crosses de fusil, en sculpture, tournerie, marqueterie, gravure, outils de menuiserie et d’ébénisterie de grande qualité (rabots, varlopes), instruments de dessin et de mesure. Aptitude au tranchage pour les placages décoratifs. C’est un très bon combustible qui produit un charbon de bonne qualité. Résistant aux frottements, on l’employait autrefois pour confectionner, entre autres, vis de pressoirs et dents d’engrenages. Il résiste aussi aux chocs et aux efforts statiques.
4.5 Intérêt économique avéré global de l'essence
Bois rare sur le marché et un seul arbre bien développé peut être facilement valorisé, le circuit artisanal étant souvent en recherche de petite quantité de bois. Fruits, consommés blets, appréciés pour leur goût se rapprochant d'un fruit tropical et transformés en tartes, confitures et boissons, également distillés pour produire une eau de vie de qualité . Les romains en faisaient du vinaigre. De nombreuses utilisations médicinales : fruits riches en antioxydants et vitamine C, fruits utilisés pour le traitement des grippes, de la toux, du diabète, des affections rénales, des nausées et des diarrhées et des bourgeons pour les problèmes circulatoires. Utilisation des tanins issus de l'écorce. Plante mellifère, la floraison abondante permet de participer activement au bon démarrage des colonies d'abeilles.
5 Autres services écosystémiques
5.1 Effets sur la qualité de l'eau
Non renseigné
5.2 Limitation de l'érosion des terrains
Espèce drageonnante post-pionnière et nomade qui permet de stabiliser les sols en condition sèche.
5.3 Intérêt paysager et récréatif
C’est un bel arbre d’ornement (couleurs d’automne) et ses fruits sont appréciés.
5.4 Biodiversité associée
Espèce en général en mélange. Fruits très appréciés des oiseaux mais aussi d'autres animaux.
5.5 Influence sur la qualité des sols
Intérêt cultural avéré sur sol acide.
6 Mise en œuvre sylvicole
6.1 Disponibilité potentielle en graines
Les graines peuvent être obtenues sous la forme de récoltes locales (forêts publiques, plantations conservatoires) ou sous l’égide du service graines et plants de l’ONF et de marchands grainiers. La provenance France-SDO900 est vendue à partir de 773€/kg au catalogue ONF 2018-2019. Le verger à graines recommandé pour les plantations avec étiquette rose (SDO-VG-001) est celui de Bellegarde.
6.2 Disponibilité potentielle en plants
Une pépinière en 2015 commercialisait 500 à 5000 plants de catégorie GR 350 / 400 à 2,17 euros HT l’unité. Les parcs à clones peuvent aussi fournir du matériel végétal.
6.3 Croissance initiale
Non renseigné
6.4 Rusticité à l'installation
La reprise est plutôt bonne, voire excellente.
6.5 Tolérance à l'ombre
Espèce héliophile ayant besoin de lumière dès son plus jeune age mais tolérant une ombre légère, parfois considérée comme de demi-ombre surtout en stations froides ; les jeunes individus préfèrent un léger ombrage au plein ensoleillement.
6.6 Facilité de régénération naturelle
Espèce spontanée ou subspontanée, qui malgré des fructifications abondantes a un taux de germination souvent bas en milieu naturel. Il drageonne peu comparé aux autres espèces de sorbier. A noter qu' il peut se régénèrer naturellement en milieu ombragé qu’il tolère les toutes premières années. Craint fortement la concurrence.
6.7 Propension à ne pas être invasive
Faible capacité à rejeter de souche, graines disséminées par les oiseaux et les mammifères mais régénération par graine rare. Essentiellement renouvelé par drageonnage qui peut se faire jusqu’à 30m. Espèce intolérante à la concurrence, qui a besoin d’être favorisée pour se développer en condition forestière,
7 Vulnérabilité aux risques biotiques
7.1 Résistance connue aux parasites actuellement présents en France
Le problème le plus grave est le chancre (Nectria galligen), qui provoque une déformation de l’arbre.
7.2 Résistance potentielle aux parasites en général
Il est sensible à l’armillaire couleur de miel (Armillaria mellea), le puceron cendré de l’alisier, le feu bactérien (Erwinia amylovora) ainsi qu’à une anthracnose (Elsinoe piri) et la zeuzère (Zeuzera pyrina). Hôte du feu bactérien.
7.3 Similarité du cortège parasitaire aire naturelle/France
Espèces dont l'aire d'origine inclut la france.
7.4 Résistance aux dégâts de gibier
Espèce appréciée par les cervidés et sensible à la dent du campagnol terrestre.
8 Vulnérabilité aux risques abiotiques
8.1 Résistance aux dégats de vents
Résiste très bien au vent grâce à son système racinaire puissant, profond et étalé et à ses qualités mécaniques.
8.2 Résistance et/ou résilience aux incendies
Pas de résistance au feu des graines lors du passage d'un incendie mais cette espèce post-pionnière peut recoloniser un site incendié en rejetant de souche en drageonnant
8.3 Tolérances particulières connues (sel, pollution...)
Sensible aux herbicides et à la concurrence herbacée (pendant 5-10ans), il est recommandé d’utiliser des paillis en plantations.
Recommandation
C’est un arbre qui produit un bois de haute qualité , plastique vis à vis des sols (sauf humides) plutôt thermophile qui supporte les hivers froids et des périodes de sécheresse mais qui a besoin de chaleur pendant la période végétative et qui supporte mal la concurrence. Le verger à graines Bellegarde-VG est constitué d’arbres sélectionnés sur des critères garantissant vraisemblablement de meilleures performances. Il présente par ailleurs une diversité d'origines qu''on ne retrouvera pas dans un lot issu de la récolte d'une source de graines unique. C’est donc ce matériel qui est conseillé préférentiellement.
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