- Liste des espèces
- Eucalyptus gunnii Hook.f. (incl. E.gunnii ssp.divaricata & E.archeri) - Eucalyptus de Gunn
- Présentation
- 1. Facteurs limitants climatiques
- 2. Facteurs limitants édaphiques
- 3. Connaissance de la diversité génétique
- 4. Croissance et production de bois
- 5. Autres services écosystémiques
- 6. Mise en œuvre sylvicole
- 7. Vulnérabilité aux risques biotiques
- 8. Vulnérabilité aux risques abiotiques
- Recommandation
- Bibliographie
Eucalyptus gunnii Hook.f. (incl. E.gunnii ssp.divaricata & E.archeri) - Eucalyptus de Gunn
Fiche mise à jour le 07-06-2021
- Feuillus
Présentation
Latin
Nom | Eucalyptus gunnii Hook.f. (incl. E.gunnii ssp.divaricata & E.archeri) |
Taxonomie de GRIN | Eucalyptus gunnii Hook.f. |
Classification Hillier | Eucalyptus gunnii Hook.f. |
Vernaculaire
Nom | Eucalyptus de Gunn |
Taxonomie Plant List | Eucalyptus gunnii Hook.f. |
Aspect général
L'Eucalyptus gunnii est un grand arbre pouvant atteindre au moins 30 m de hauteur, mais souvent mieux conformé en culture que dans la nature où il ne présente pas toujours un tronc bien droit du fait des conditions de milieu difficiles. L’écorce est lisse, blanchâtre, jaunâtre, verdâtre, rosé ou grisâtre et s’exfolie en plaques irrégulières. Les rameaux sont verts ou rose violacé et souvent pruineux (revêtement blanchâtre). Le feuillage est aromatique au froissement (odeur d’eucalyptol ou de curry), vert grisâtre ou bleu grisâtre et cireux. Les feuilles juvéniles sont opposées, ovales à orbiculaires, sessiles et gris verdâtre terne. Elles sont longues de 2,5 à 4,5 cm et larges de 2 à 4 cm. Les feuilles adultes sont largement lancéolées ou elliptiques, non falquées, à apex arrondi ou émarginé et base atténuée, luisantes, verdâtres et concolores. Elles mesurent de 6 à 10 cm de long pour 3 à 4 cm de large. Les nervures secondaires sont discrètes. Les inflorescences sont formées d’ombelles de 3 fleurs chacune. Les boutons sont sessiles ou subsessiles, cylindriques ou en forme de massue surmontés d’une coiffe glauque. Les fleurs sont blanches ou crème. Les fruits sont des capsules cylindriques ou en forme de grelot. Le disque est déprimé ou aplati. Les cotylédons sont bilobés.E.gunnii var.divaricata est un taxon considéré comme une variante morphologique d’altitude d'E.gunnii, et se présente sous la forme d’un arbre de taille petite à moyenne n’excédant pas 15 m de hauteur avec un tronc fréquemment tortueux. L’écorce est lisse grise, crème, verdâtre ou parfois brun rosâtre, s’exfoliant en bandes irrégulières pour révéler une nouvelle écorce dans les tons gris jaunâtre, vert ou crème. Les rameaux sont argentés et cireux la première année. Les jeunes feuilles sont bleu grisâtre pruineux et mesurent 2,5 cm de long sur 2 cm de large. Les feuilles adultes sont de même couleur ou bleu verdâtre mais non luisantes et mesurent de 4 à 8 cm de long sur 1,5 à 3 cm de large. Les boutons floraux mesurent de 0,6 à 0,8 cm de long sur 0,5 cm de large et les capsules sont longues de 0,7 à 0,9 cm pour 0,6 cm de large. Cette variété se distingue d'E.gunnii par une couronne plus ramifiée, une grande capacité à conserver son feuillage juvénile qui ne possède pas de glandes odorifères, une très forte glaucescence des rameaux (encore plus visible sur rejets de souche et gourmands) et des feuilles adultes plus courtes et plus larges ainsi que des capsules nettement plus cylindriques (ou en forme de cruche) de couleur glauque. D’un point de vue phénologique, il fleurit 6 semaines plus tôt qu'E.gunnii lorsque les deux taxons sont plantés dans un même site. E.archeri, considéré par certains auteurs comme un taxon infra-spécifique d'E.gunnii, est un arbuste ou petit arbre à tronc unique ou fréquemment multiple dans son aire en haute altitude. Les jeunes rameaux sont pourpres avec une pruine argentée puis deviennent brun rosé. Les feuilles adultes sont ovales à elliptiques verdâtres, ou vert grisâtre. Il se distingue de l’espèce type par la présence d’une pruine sur les rameaux et ses feuilles juvéniles rosées ou rougeâtres.
Localisation
E.gunnii est un endémique du centre et de quelques sites du Sud-Est et du Nord-Est de la Tasmanie, en zone subalpine allant de 500 m jusqu’à 1200 m d’altitude. Des populations relictuelles sont présentes aux altitudes les plus basses entre 300 - 700 m, d’autres ayant dû être détruites par les défrichements. E.gunnii ssp.divaricata est également endémique du plateau central tasmanien dans une aire comprise entre 865 et 1160 m d’altitude et qui occupe 40 à 50 ha entre Miena et Interlaken, au niveau des lacs du plateau central de Tasmanie. 60% de la population a disparu suite à des grandes sécheresses entre les années 1980 et 1990 et une hausse de la température moyenne de plus d’un degré Celsius. Actuellement ne survivraient pas plus de 200 individus adultes. E.archeri est lui aussi endémique tasmanien (Nord et Nord-Est) à aire de répartition peu étendue et fragmentée, entre 980 et 1200 voire 1350 m en treeline sur le versant Nord-Est du Mt Ben Lomond (optimum entre 1100 et 1200 m) sous forme de forêts subalpines.
Aire naturelle de distribution
Climat général dans l'aire naturelle de distribution
Le climat où poussent E.gunnii et E.gunnii ssp.divaricata est froid et humide (nébuleux) en hiver, avec température annuelle moyenne de 5 - 13ºC. Cette espèce se développe dans les conditions hivernales les plus rigoureuses rencontrées par l''eucalyptus, avec basses températures (moyenne des minima entre -3 à 5 ° C.) pendant 3 à 4 mois.La pluviométrie est entre 800-2400 mm annuels (moyenne d’environ 2000 mm annuels hors enneigement). Les étés sont plutôt doux et peu arrosés, avec une durée de la saison sèche de moins de 2 mois. Les populations de très basse altitude reçoivent une compensation climatique sous la forme d’une forte nébulosité locale.
1 Facteurs limitants climatiques
1.1 Résistance juvénile aux fortes sécheresses
les graines d''eucalyptus ayant peu de réserve, les jeunes semis ayant besoin que les racines pénètrent rapidement dans le sol sont très sensibles à la concurrence dans un contexte de sécheresse
1.2 Résistance adultes aux fortes sécheresses
Ils sont très tolérants en cas de températures élevées et de périodes sèches estivales mais généralement, ces espèces craignent les sécheresses prolongées couplées à une faible hygrométrie.Eucalyptus gunnii semble moins tolérant aux sécheresses et aux fortes chaleurs que l''hybride Eucalyptus gundal.
1.3 Adaptation aux climats déficitiaires en eau
Les Eucalyptus s’adaptent à des niveaux de pluviosité faibles, de l’ordre de 600 mm/an en région Midi-Pyrénées, voire moins en Languedoc-Roussillon. Les rendements varient en fonction de la pluviométrie.
1.4 Résistance aux fortes chaleurs (canicules)
Ils sont très tolérants en cas de températures élevées et de périodes sèches qui ne débordent pas du cadre estival.
1.5 Résistance aux grands froids
Eucalyptus gunnii est l''un des eucalyptus les plus tolérants au gel et fait l''objet d''un programme de sélection visant à développer des clones résistants au gel pour l''établissement de plantations d''eucalyptus en France (E. gundal - hybride E. gunnii x E. dalrympleana).Dans la nature, la température ne descend que très rarement en dessous de – 12° C. mais ils supportent des gels de -15° C et jusqu’à -18° ou -20° s’ils sont de courte durée.Néanmoins, elles ont des limites et sont sensibles à des froids trop intenses. Ce risque s’exprime notamment dans le jeune âge (jusqu’à 2 ou 3 ans) ; les peuplements adultes sont plus tolérants.
1.6 Résistance aux gels précoces
Ils craignent les gels précoces si les pousses sont insuffisamment lignifiées. Les gels précoces d’automne, lorsque les amplitudes thermiques sont fortes et que les plants sont encore en croissance, peuvent entraîner des dégâts sérieux.L’endurcissement des plants par une diminution progressive des températures est un facteur clé qui joue dans la tolérance des arbres. Un froid arrivant brutalement après une période de douceur relative peut également occasionner des dégâts importants, même si la température minimum atteinte n’est pas très basse.
1.7 Résistance aux gels tardifs
Ils n’apprécient pas les gelées tardives du printemps.
2 Facteurs limitants édaphiques
2.1 Tolérance à l'engorgement
Eucalyptus gunnii et E.gunnii ssp.divaricata poussent sur terres mal drainées (inondables), pauvres, à relief plutôt plat. E.archeri se développe habituellement sur sols froids, superficiels, relativement mal drainés, tourbeux ainsi qu''en affleurements et escarpements rocheux. Les trois taxons supportent aussi bien les sols secs qu’engorgés au moins temporairement. Il tolère l’engorgement temporaire, mais préfère les sols drainants, en légère pente, chargés en cailloux et galets.
2.2 Tolérance au calcaire
Il existe une variabilité entre les provenances il faut donc choisir le bon matériel sur calcaire. Eucalyptus archeri est calcifuge alors qu''E.gunnii et E.gunnii ssp.divaricata tolèrent assez bien les sols à calcaire actif. Cette espèce fait partie des rares eucalyptus à bien tolérer le calcaire.
2.3 Tolérance à l'acidité
Eucalyptus gunnii est bien adapté aux sols acides, la gamme de pH favorable va de 4,5 à 7,5. Eucalyptus archeri est calcifuge et pousse sur sols froids, superficiels, relativement mal drainés, tourbeux, en affleurements et escarpements rocheux.
2.4 Tolérance aux sols lourds
L’Eucalyptus s’adapte à toutes les textures, même très argileuses. Eucalyptus gunnii et E.gunnii ssp.divaricata se développent bien sur sols lourds, y compris argiles de décarbonatation.
Ecogramme
3 Connaissance de la diversité génétique
3.1 Rusticité et plasticité potentielles (déduites de l'aire de distribution)
Eucalyptus gunnii est bien adapté aux sols acides des stations de plaine et de l’étage collinéen d’altitude moyenne. Une carte des zones potentiellement favorables aux E. gundal et gunnii a été proposée par FCBA en prenant en compte un indice de froid (intensité, arrivée brutale et fréquence), un indice de pH (risques de chlorose) et une limite altitudinale de 400m (risques de froid et de neige lourde).E. gunnii étant plus résistant au froid que E. gundal, est proposé en priorité, sauf dans les zones présentant un risque de sécheresse important pour lesquelles E. gundal est plus adapté.
3.2 Variété du matériel végétal disponible en France
Deux régions de provenances ont été définies en catégorie identifiée, pour permettre la récolte de graines dans des peuplements d'E. gunnii issus d’anciennes importations de graines: EGU311 Grand Ouest, etEGU700 Région méditerranéenne. Seuls les peuplements purs sont concernés, et les récoltes sur peuplements monoclonaux sont proscrites. Concernant E. gunnii, les performances de croissance et les capacités de survie face au froid des matériels français identifiés ne sont pas connues et il est conseillé d’utiliser en priorité les variétés clonales.Depuis 2015, il est autorisé d’utiliser du matériel en catégorie identifiée d’Australie et de Nouvelle Zélande, sous les codes : EGU-Austral (Gommier à cidre, E. gunnii, Australie), et EGU-NlleZel (Gommier à cidre, E. gunnii, Nouvelle-Zélande). Ces matériels ne présentent aucune garantie sur les performances et en particulier sur la résistance au froid, mais peuvent apporter de la diversité génétique.Les ressources génétiques d’Eucalyptus gunnii proviennent des populations les plus résistantes au froid de l’aire naturelle. Une dizaine de provenances ont été récoltées puis testées dans de nombreux dispositifs au froid naturel et artificiel, et plus de 600 clones ont été sélectionnés entre 1987 et 1994. Trois provenances situées sur le plateau central de Tasmanie entre 731 et 1036 m d’altitude et originaires du centre de l’île ont été installées au Treps, Canereit, au Plan Esterel (83) et à Ceyreste (13). Une provenance du Sud-Est et une autre du Nord-Est pourraient compléter l’échantillonnage de la diversité de l’aire naturelle. La frange altitudinale des provenances présentes est bonne. Un programme de plantations a été mis en place en secteur méditerranéen et dans le Sud-Ouest par le FCBA (53 sites).
Références en France
4 Croissance et production de bois
4.1 Durée de révolution potentielle
Le système du taillis à courte rotation (TCR) a été mis au point pour produire en grande quantité du bois de trituration de qualité standard. La rotation du TCR est de 12 à 13 ans pour la première rotation, plantés à densité initiale de 1 250 plants/ ha, pour un objectif de diamètre de souche de environ 30 cm. Avec le même ensouchement, il est possible de réaliser 3 à 4 rotations suivantes de 10 à 12 ans. Les densités pour les rotations suivantes d''ensouchement varient de 5 000 à 10 000 tiges / ha.Un système alternatif est le taillis à très courte rotation (TTCR) pour production de bois-énergie, qui diffère par une densité initiale de plantation plus forte (de 2 500 à plus de 5 000 tiges/ha) et des rotations de 2 à 4 ans. L’itinéraire technique et la pertinence économique de ce système est en cours de définition.
4.2 Hauteur dominante potentielle à 40 ans
Elle se situe entre 15 à 20 m (pour E.archeri) et 20 à 25 m pour les deux autres taxons.
4.3 Productivité potentielle
La productivité des TCR d’Eucalyptus est comprise entre 15 et 20 tonnes brutes de bois marchand par hectare et par an sur un rotation de 10 à 12 ans, ce qui correspond environ à 10 t/ha/an de matière sèche.Ces résultats sont souvent atteints sur des sols peu fertiles, soumis à une pluviosité réduite (de l’ordre de 600 mm par an) et mal répartie pendant la saison de végétation. La productivité moyenne augmente de la première rotation (15 t/ha/an) à la deuxième et aux rotations suivantes (18 t/ha/an).
4.4 Diversité des débouchés potentiels du bois
Le bois d''Eucalyptus gunnii est employé en papeterie pour la production de pâte à papier et de pâte à fibres courtes, ainsi que pour la production de bois de chauffage. Pour ce qui est d'E.gunnii var.divaricata, il s’agit d’un arbre assez peu courant et à débits courts et souvent tordus et de fait peu ou pas utilisé localement. Aujourd’hui ce taxon bénéficie d’un statut de protection gouvernemental.
4.5 Intérêt économique avéré global de l'essence
Les aborigènes élaborent une boisson alcoolisée à partir d’un latex sucré extrait de l’écorce (et donc le nom commun anglais de "Cider gum"). L''huile essentielle est souvent extraite pour l''aromathérapie et en utilisation médicinale.L’utilisation d'E.archeri est plutôt anecdotique et concerne la papeterie, les piquets et le bois de feu mais il est essentiellement cultivé comme brise-vents (comme l’espèce-type) et en tant qu’abri pour les troupeaux.Les feuillages aromatiques et juvéniles des taxons décrits d’Eucalyptus gunnii sont aptes à être utilisés en floriculture.
5 Autres services écosystémiques
5.1 Effets sur la qualité de l'eau
Les TCR, et ceux d’Eucalyptus en particulier, ont une réputation de forte consommation en eau.Les premiers résultats dans un dispositif de suivi hydrique d’une plantation d’Eucalyptus en France (Tarn-et-Garonne) indiquent un niveau de consommation en lien avec une croissance rapide. De ce fait, l’Eucalyptus présente une efficience de l’eau (quantité de biomasse produite par unité d’eau consommée) importante et supérieure au Pin maritime . Cependant vu la forte production de biomasse, sur les bilans hydriques des parcelles pendant des années sèches, la recharge en eau du sol est plus faible dans la plantation d’Eucalyptus en raison de la transpiration de toute l’eau disponible. Il est donc à réserver aux zones où les bassins versants sont bien alimentés en eau.
5.2 Limitation de l'érosion des terrains
Ils peuvent contribuer à la fixation des sols, comme c’est le cas dans ses montagnes natales de Tasmanie.
5.3 Intérêt paysager et récréatif
L’intérêt ornemental est à signaler, feuilles recherchées par les fleuristes. La principale difficulté du genre étant son intégration dans les paysages forestiers méditerranéens où il n’est pas traditionnel.Il peut être utilisé pour le contrôle de l''érosion, comme rideaux-abris et haies.L’impact de cultures comme les TCR est à voir dans leur intégration dans les territoires, aussi bien en termes d’importance en surface, de taille et forme de parcelle qu’en termes d’acceptabilité par rapport aux services écosystémiques attendus dans ces territoires.
5.4 Biodiversité associée
La production d’Eucalyptus en TCR présente une biodiversité moins riche et plus ordinaire que dans d’autres milieux moins artificialisés (forêts, friches anciennes), mais généralement plus importante que dans des cultures agricoles.
5.5 Influence sur la qualité des sols
Les premières études en France (Midi-Pyrénées) montrent des niveaux de minéralisation du carbone et de l’azote équivalents à ceux des friches adjacentes et des rendements de la biomasse microbienne supérieurs aux friches et aux cultures. Les restitutions de litières (sous forme de feuilles et d’écorce notamment) atteignent 5 t/ha/an de matière sèche chez les peuplements en âge de récolte. Les humus constitués présentent des ratios C/N compris entre 10 et 14 qui caractérisent des mulls à intégration rapide de la matière organique. La litière ne s’accumule pas et est rapidement minéralisée.
6 Mise en œuvre sylvicole
6.1 Disponibilité potentielle en graines
La disponibilité en semences est dépendante des services forestiers australiens et des marchands grainiers si on veut une garantie de pureté de l’espèce.
6.2 Disponibilité potentielle en plants
En 2020, le plant se commercialise au prix de 0,85 à 1,13 euros pièce entre 500 et 5000 plants suivant la dimension du godet.
6.3 Croissance initiale
La croissance en hauteur initiale est rapide (entre 1 et 1,5 m par an) et se maintient au moins la décennie suivante. Elle atteint et dépasse les 2 mètres annuels en culture de taillis.
6.4 Rusticité à l'installation
Ce sont des arbres de reprise facile à la plantation si on utilise des plants de moins de 2 ans.E. gunnii. Après travail du sol, les Eucalyptus sont généralement plantés à 1 000 ou 1 250 plants/ ha. Un entretien sur la ligne avec traitement herbicide est indispensable en première année, ainsi que un entretien mécanique des interlignes une fois par an pendant 3 ans dans un première rotation. Une fois le boisement installé, il n’y a plus aucun traitement à prévoir. Les jeunes rejets apparaissent environ 2 mois après la coupe. L’exploitation au printemps améliore le taux de survie des souches, la vigueur et le nombre de rejets, en évitant l’exposition aux gels d’automne et d’hiver et en assurant que les rejets soient les plus lignifiés possibles à l’arrivée des froids.
6.5 Tolérance à l'ombre
La plupart des eucalyptus sont des espèces de lumière. Celui ci tolère une légère ombre.
6.6 Facilité de régénération naturelle
La capacité à se régénérer naturellement est à vérifier en arboretums. E.gunnii s’hybride avec E.dalrympleana (pour donner E. x irbyi) et avec !!br0ken!! plupart des plantations étant clonales, la régénération naturelle est anecdotique, et elle n’aura pas les mêmes caractéristiques que les parents (résistance au froid notamment).Cette essence a une très forte capacité à rejeter de souche, atteignant même une productivité supérieure après le premier recépage.
6.7 Propension à ne pas être invasive
Analogue à globulus
7 Vulnérabilité aux risques biotiques
7.1 Résistance connue aux parasites actuellement présents en France
Les vastes plantations d’eucalyptus effectuées dans de nombreux pays n’ont jusqu’à présent que relativement peu souffert d’invasions d’insectes et de maladies. Cependant, plusieurs ravageurs ont accompagné l’eucalyptus australien dans le bassin méditerranéen, tels le longicorne Phoracantha semipunctata (au Portugal dès 1980, où les dommages peuvent être localement importants), le charançon Gonipterus scutellatus (découvert en France en 1977) qui génère d’importante pertes de production au Portugal ou les nombreux psylles de l’eucalyptus (psylle de l’eucalyptus, psylle à Lerp, ou encore Blastopsylla occidentalis, découvert en 2006 près de Naples) qui ont profité des hivers doux pour se développer.Trois insectes galligènes ont été détectés ces dernières années sur le pourtour méditerranéen : Ophelimus eucalypti, Ophelimus maskelli et Leptocybe invasa. Ophelimus Maskelli et L. invasa, quant à eux, sont capables de causer des dégâts relativement importants dans les pépinières et les jeunes plantations. En décembre 2005, leur présence sur des feuilles d’eucalyptus porteuses de galles provenant du Var et de Corse a été confirmée. On sait que le genre Eucalyptus est réputé sensible aux Phytophthora dont P.cinnamomi, aux chancres (Pestaliotopsis disseminata et P.versicolor ; Phoma eucalyptica) présents en Europe ainsi qu’à Phellinus torulosus (lignivore) et Armillaria mellea (pourridié racinaire).
7.2 Résistance potentielle aux parasites en général
Ophelimus eucalypti a été découvert en Italie, en Espagne et en Grèce depuis le début des années 2000 ; il ne semble pas causer de gros dégâts pour l’instant. Néanmoins, il a déjà été responsable de défoliations sévères en Nouvelle-Zélande. A signaler Mycosphaerella nubilosa (renomée M. molleriana) qui est responsable de la maladie dite "Mycosphaerella leaf disease" ayant affecté des plantations en nouvelle zélande et Septoria pulcherrima qui causent des maladies foliaires des eucalyptus dans les forêts indigènes et les plantations, mais ils causent également des problèmes dans les pépinières d''eucalyptus, affectant fortement la croissance . Paropsis charybdis (eucalyptus tortoise beetle), originaire d''Australie, est actuellement le plus grave défoliateur des espèces d''Eucalyptus en Nouvelle-Zélande
7.3 Similarité du cortège parasitaire aire naturelle/France
L’aspect insulaire de l’Australie et le fort endémisme du genre eucalyptus en fait une zone au cortège parasitaire très différent de l’Europe.
7.4 Résistance aux dégâts de gibier
Les Eucalyptus ne sont globalement pas appétant pour le grand gibier mais l''absence de glande générant les essences propres de l''eucalyptus rend celui-ci particulièrement appétant pour la faune sauvage (cerfs, lapins, opposums, moutons, ..) en particulier subsps. divicata, par rapport aux autres espèces présentes en Australie.
8 Vulnérabilité aux risques abiotiques
8.1 Résistance aux dégats de vents
Ils sont résistants aux grands vents (et à la neige) et plus particulièrement E.archeri.
8.2 Résistance et/ou résilience aux incendies
En dépit du caractère inflammable du feuillage, ils sont capables de rejeter après le passage du feu grâce à des lignotuber, voire de réitérer en fonction des dégâts liés à l’intensité de l’incendie.
8.3 Tolérances particulières connues (sel, pollution...)
E.archeri tolère les embruns salés et les trois taxons supportent plutôt bien la pollution atmosphérique.
Recommandation
Les eucalyptus tasmaniens d’altitude revêtent en culture un aspect généralement bien mieux conformé que dans leur aire naturelle. Ils sont aptes à la production de biomasse en taillis à courte révolution. Les facteurs limitants de ces 3 eucalyptus sont les grands et longs froids sans périodes de dégel mais aussi les chaleurs sèches prolongées. De manière plus générale, ce genre sera à utiliser sur des stations qui correspondent à ses exigences. Ils sont à éviter sur sols pauvres chimiquement et surtout déficients en phosphore. L’impact sur les paysages de cette espèce exotique recherchée par les fleuristes est de plus assez fort.
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