- Présentation
- 1. Facteurs limitants climatiques
- 2. Facteurs limitants édaphiques
- 3. Connaissance de la diversité génétique
- 4. Croissance et production de bois
- 5. Autres services écosystémiques
- 6. Mise en œuvre sylvicole
- 7. Vulnérabilité aux risques biotiques
- 8. Vulnérabilité aux risques abiotiques
- Recommandation
- Bibliographie
Cedrus atlantica Manetti - Cèdre de l’Atlas
Fiche mise à jour le 07-06-2021
- Résineux
Présentation
Latin
Nom | Cedrus atlantica Manetti |
autre nom vernaculaire | Cèdre d'Algérie |
Taxonomie de GRIN | Cedrus atlantica (Endl.) G.Manetti ex Carrière |
Classification Hillier | Cedrus atlantica (Endl.) Manetti ex Carrière |
Vernaculaire
Nom | Cèdre de l’Atlas |
autre nom latin | Cedrus libani ssp.atlantica (Endl.) Batt. & Trab. |
Taxonomie Plant List | Cedrus atlantica (Endl.) Manetti ex Carrière |
Gymnosperm database | Cedrus atlantica (Endl.) G.Manetti ex Carrière |
Aspect général
Grand arbre atteignant 45 m de haut pour plus d’1,5 m de diamètre. Port d'abord pyramidal puis tabulaire, avec grandes charpentières horizontales chez les sujets isolés. Écorce grise s’exfoliant en petites plaques quadrangulaires. Jeunes rameaux initialement pubescents. Aiguilles vertes ou glauques de 1,5 à 2,5 cm de long, groupées en rosettes de 30 à 45 unités. Cônes mûrs en un an, en forme de tonneau de 5 à 10 cm de long pour 4 à 5 cm de large, avec un ombilic au sommet, se désarticulant à maturité sur l'arbre. Différenciation très difficile avec le cèdre du Liban compte tenu de la variabilité importante au sein des deux espèces. Le seul critère fiable sur les sujets de 10 à 20 ans serait la disposition des aiguilles sur les rameaux: radiale chez le cèdre de l'Atlas, ébouriffée et désordonnée chez le cèdre du Liban.
Localisation
Montagnes d’Afrique du nord (Maroc, Algérie) entre 1 300 et 2 600 m. Naturalisé en France méditerranéenne (introduit vers 1850), dans l’étage supra-méditerranéen et à la base de l’étage montagnard entre 600 et 1 000 m d’altitude en versant nord et entre 700 et 1 200 m en adrets (exclu au-dessous de 400 m). Ailleurs, possible jusqu’à 700 m dans les Vosges et le Jura, 1 000 m dans les Alpes du Nord, les Pyrénées et le Massif central voire 1 200 m dans les Alpes du Sud.
Aire naturelle de distribution
Climat général dans l'aire naturelle de distribution
Moyennes montagnes en climat méditerranéen, à hygrométrie basse une bonne partie de l’année et luminosité forte. Précipitations moyennes annuelles de 500 à 2 000 mm (optimum: 800 - 1 500 mm en France); compensation possible d'une faible pluviométrie par l'eau dans le sol.
1 Facteurs limitants climatiques
1.1 Résistance juvénile aux fortes sécheresses
Semis très sensibles aux fortes sécheresses en phase d'installation du fait d’une mauvaise régulation stomatique (observations lors de la sécheresse de 2003).
1.2 Résistance adultes aux fortes sécheresses
Supporte les fortes sécheresses s’il a pu installer son enracinement puissant suffisamment profondément. Craint les vents hivernaux desséchants. Existence de symptômes de coulure de résine dans des cédraies de basse altitude (moins de 500 m) et/ou sol à faible réserve en eau.
1.3 Adaptation aux climats déficitiaires en eau
Bien adapté aux climats à étés secs (2 à 4 mois secs). Sa réputation de craindre les brouillards est controversée.
1.4 Résistance aux fortes chaleurs (canicules)
Supporte les fortes chaleurs (jusqu'à 41°C). Phénomène de rupture estivale de branches parfois constaté.
1.5 Résistance aux grands froids
Craint les grands froids prolongés (au-dessous de -25° C).
1.6 Résistance aux gels précoces
Sensibilité controversée.
1.7 Résistance aux gels tardifs
Sensible aux gelées de printemps.
2 Facteurs limitants édaphiques
2.1 Tolérance à l'engorgement
Redoute nettement l'hydromorphie, même temporaire.
2.2 Tolérance au calcaire
Tolère les sols calcaires, même superficiels, s’ils sont fissurés. Craint les excès de magnésium des sols dolomitiques.
2.3 Tolérance à l'acidité
Assez indifférent au pH (sauf excessivement acide), avec un optimum entre 4 et 6,5. Apprécie les sols meubles et profonds à texture hétérogène, sur roches siliceuses. N’apprécie pas cependant les sols sableux superficiels (arènes granitiques).
2.4 Tolérance aux sols lourds
Ne supporte pas les sols compactés (argiles lourdes, marnes).
Ecogramme
3 Connaissance de la diversité génétique
3.1 Rusticité et plasticité potentielles (déduites de l'aire de distribution)
A priori assez rustique car introduit en parcs dans de nombreuses régions, même si l'aire naturelle est réduite.
3.2 Variété du matériel végétal disponible en France
Présent dans les arboretums scientifiques ONF et dans 13 essais de Recherche -Développement de l'ONF ainsi que dans un important réseau Inra de comparaison de provenances (françaises et de l'aire naturelle, incluant le cèdre du Liban) depuis 1971. En peuplements, la cédraie du Ventoux est la plus vaste d’Europe. Essence réglementée: une seule région de provenance (peuplements sélectionnés en étiquette verte: France entière) et trois peuplements en catégorie testée (étiquette bleue) en région méditerranéenne.
Références en France
4 Croissance et production de bois
4.1 Durée de révolution potentielle
70 à 100 ans.
4.2 Hauteur dominante potentielle à 40 ans
15 à 25 m suivant les stations.
4.3 Productivité potentielle
3 m3/ha/an en région méditerranéenne, jusqu'à 13 m3/ha/an en conditions favorables. Il existe une table de production et un modèle de croissance pour la zone méditerranéenne (Inra).
4.4 Diversité des débouchés potentiels du bois
Bois à duramen brun, odorant (oléorésines) et durable, dense (peu d'influence de la vitesse de croissance), à retrait faible mais à propriétés mécaniques assez moyennes (réputé casssant). Charpente (en sur-dimensionnant les débits), menuiserie (même extérieure) et ébénisterie, palette, coffrage et papeterie. Défavorisé par sa branchaison importante.
4.5 Intérêt économique avéré global de l'essence
Marché assez limité mais essence appréciée localement.
5 Autres services écosystémiques
5.1 Effets sur la qualité de l'eau
Non renseigné
5.2 Limitation de l'érosion des terrains
Contribue à fixer et structurer les sols en montagne.
5.3 Intérêt paysager et récréatif
Très belle espèce ornementale. Son enracinement puissant peut poser quelques problèmes en milieu urbain. Nombreux cultivars ornementaux: ‘Fastigiata’, ‘Glauca’, ‘Pendula’ et ‘Aurea’ entre autres.
5.4 Biodiversité associée
Apprécié de l'avifaune.
5.5 Influence sur la qualité des sols
Non renseigné
6 Mise en œuvre sylvicole
6.1 Disponibilité potentielle en graines
Pas de problèmes de fourniture (peuplements porte-graines français).
6.2 Disponibilité potentielle en plants
Disponibilité correcte en pépinière forestière.Prix indicatif en 2015 : 0,79 €HT/plant en godet pour 500 à 5000 unités commandées.
6.3 Croissance initiale
Peut atteindre 70 cm/an dans les meilleures conditions.
6.4 Rusticité à l'installation
Reprise difficile imposant l’usage de plants d'un an en godets anti-chignons d'au moins 400 cm3. Supporte mal la concurrence herbacée.
6.5 Tolérance à l'ombre
Espèce héliophile dès le plus jeune âge.
6.6 Facilité de régénération naturelle
Régénération facile sur sols propres ou perturbés, en pleine lumière mais craint la concurrence herbacée. Hybridation avec Cedrus libani possible.
6.7 Propension à ne pas être invasive
A priori non invasive malgré une dissémination facile.
7 Vulnérabilité aux risques biotiques
7.1 Résistance connue aux parasites actuellement présents en France
Sensibles aux scolytes (dont ceux du sapin). Assez résistant aux autres problèmes. Une vigilance particulière face au fomes Heterobasision annosum s.l.(dégâts préoccupants dans le sud du Massif-central dans les parcelles déjà contaminées ou n'ayant pas fait l'objet de traitement p réventif des souches).
7.2 Résistance potentielle aux parasites en général
Sensible à deux pucerons (Cinara laportei et Cinara cedri), une cochenille des aiguilles (Dynaspidiotus regnieri), la tordeuse Epinotia cedricida qui peut provoquer des défoliations notables mais sans risque pour l'instant et deux Megastigmus (M.schimitscheki et M.pinsapinis) qui détruise nt les graines dans les cônes.
7.3 Similarité du cortège parasitaire aire naturelle/France
Cortège assez voisin (Bassin méditerranéen). Sensible au Maroc à Phaenops marmottani (bupreste sous cortical).
7.4 Résistance aux dégâts de gibier
Craint le gibier (frottis, écorçage et surtout abroutissement).
8 Vulnérabilité aux risques abiotiques
8.1 Résistance aux dégats de vents
Stable au vent (enracinement puissant) mais sensible aux bris de branches (sous l'effet du vent mais aussi du givre et de la neige lourde).
8.2 Résistance et/ou résilience aux incendies
Potentiellement vulnérable aux incendies au niveau de l’écorce mais les aiguilles et la litière sont peu inflammables et le couvert dense limite la végétation arbustive.
8.3 Tolérances particulières connues (sel, pollution...)
Sensible à la carence en bore (port buissonnant) sur sols siliceux pauvres (granites). Résisterait à la pollution urbaine.
Recommandation
Espèce très intéressante pour son bois d’œuvre de qualité en zone méditerranéenne (de préférence dans l’étage du chêne pubescent). Pourrait être progressivement étendu, dans une perspective de réchauffement climatique, en basses montagnes et en plaines vers le Sud-Ouest, l'Ouest, puis le Centre et Nord-Est. Mais il ne s''agit pas d'une essence providentielle et il faut dans tous les cas que son enracinement puisse descendre en profondeur à l'état jeune. Par ailleurs, des incertitudes persistent sur son adaptation à un fort taux d’humidité atmosphérique.
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